Voici un extrait d’une conversation autour de la pratique de la naturopathie aujourd’hui avec Laetitia et Alicia, praticiennes en naturopathie et co-fondatrices de Chanâme.
Bonne lecture 🙂
LAETITIA :
Rapidement, on pourrait résumer la naturopathie aujourd’hui en un accompagnement sur un plan de santé avec des traitements naturels et des concepts d’hygiène de vie. On va apprendre à prendre soin de son corps en le nourrissant correctement. Ça veut dire manger de bons produits, sains, cuisiner soi-même, etc. Ça va être aussi utiliser des plantes quand on a certains troubles de santé.
Avec la pratique, on se rend compte que ça va beaucoup plus loin que cette simple définition parce que ça englobe aussi ce qu’on appelle les trois corps, donc le corps physique, l’émotionnel et le mental. On s’est rendu compte qu’aujourd’hui, si on ne va pas bien dans ses émotions, qu’on est fatigué, qu’on a le moral en berne, c’est là qu’on ouvre les portes à tout un tas de petites pathologies, voire même à de plus grandes. Et quand le corps ne va pas bien, ça va aussi dans l’autre sens, il y a un moment où ça tape sur le moral.
Moi je vois ça un peu comme une balance à trois plateaux, et s’il y en a un qui se déséquilibre, ça bouge les deux autres forcément. Donc la naturopathie, c’est un accompagnement de santé, mais sur tous ces plans : physique, émotionnel et mental.
ALICIA :
Moi j’insisterais même un petit peu plus dans l’approche naturopathique aujourd’hui sur les piliers de la santé. Comment est-ce que la personne respire, s’hydrate, mange, bouge, dort, comment elle se sent dans sa vie, au travail, dans ses relations, etc…
Et autre point important : la naturopathie se concentre sur la santé : comment retrouver la santé et comment rester en bonne santé. C’est plus une démarche de prévention.
Avec la naturopathie on va aussi chercher à redonner à la personne le pouvoir de comprendre ce qui se passe à l’intérieur d’elle-même. Elle seule, à travers ses sens peut avoir accès à des informations auxquelles on n’aura jamais accès puisqu’elle est la seule à habiter son corps.
LAETITIA :
Tu as complètement raison. La naturopathie aujourd’hui va regarder non pas seulement un corps mais un être vivant sous toutes ses facettes. Et en plus il va effectivement te guider pour que tu apprennes à te regarder toi-même.
Moi mon but, c’est qu’un jour la personne n’ait plus du tout besoin de venir me voir, qu’elle soit capable de se dire, ah bah tiens, là c’est un schéma que je connais, je suis en train de réagir comme ça, la dernière fois que j’ai réagi comme ça sur un plan émotionnel, je suis tombée malade, peut-être que là je vais essayer de rectifier, je vais aller méditer, je vais aller marcher, je vais faire une detox, je vais faire une pause, observer, écouter ce qui est là, etc… et que ça devienne une façon de vivre.
Donc oui, je pense que le but de la naturopathie aujourd’hui c’est de transmettre aux gens une façon d’apprendre à se connaître, d’apprendre à repérer ses besoins et d’être capable d’y répondre en toute autonomie.
ALICIA :
La démarche naturopathique ce n’est pas non plus chercher à avoir un mode de vie parfait, presque caricatural de la personne qui fait tout bien, qui ne doute plus. Il faut se repositionner dans le vivant. Et ce qui est vivant, ce n’est pas parfait, ce n’est pas figé.
La clé c’est de développer une certaine capacité d’adaptation pour revenir à l’équilibre chaque fois qu’on se voit le perdre.
Moi qui ai pris ce chemin dans la naturopathie, au départ j’ai voulu faire le truc parfait, idéal. En fait je me suis rendu compte que quand je retombais dans certains déséquilibres, comme les compulsions alimentaires, je culpabilisais beaucoup. Je me disais : « j’ai pas le droit de retomber dedans, j’avais trouvé l’équilibre, je dois le retrouver et y rester à tout prix ». Mais voilà, l’équilibre, par définition, c’est un mouvement.
Je me suis rendue compte qu’à chaque fois que je retombe dedans, j’en apprends encore plus sur le phénomène et je le comprends de mieux en mieux, ce qui me permet de retrouver l’équilibre plus facilement. Et avec le temps, je développe une certaine maîtrise. La maîtrise n’est pas dans le maintien d’un état d’équilibre mais plutôt dans la connaissance et la compréhension des deux : quand c’est déséquilibré, quand c’est équilibré et d’arriver beaucoup plus facilement à passer de l’un à l’autre.
Avant, quand j’avais des compulsions, ça pouvait durer des mois, là ça ne va plus durer que quelques jours. Il faut comprendre là où on est, donc il faut accepter d’y être. En fait l’idée c’est d’observer, de comprendre, pour être capable de rebondir.
LAETITIA :
C’est intéressant ce que tu dis parce que moi je le vis aussi avec la maladie auto-immune. J’ai dû changer d’alimentation de manière radicale, sauf que de temps en temps le bon morceau de pain que j’avais arrêté, le croissant, la brioche… qui étaient des trucs que j’adorais quand j’étais enfant, de temps en temps je sens que c’est plus aussi serein pour moi de ne pas en manger.
J’ai remarqué que si le croissant, je le mangeais en me disant « ok, là j’ai envie d’un croissant » ça se passe beaucoup mieux que si je ronge mon frein et que je me dis : « non ne mange pas de croissant, ne mange pas de croissant » il y a un jour où finalement je craque, là je vais le manger mais de manière presque un peu stressée, et là je vais pas digérer, ça va pas être agréable, ça va pas bien passer…
Donc voilà finalement c’est d’arriver à se dire, mon alimentation à l’année me va bien et me permet d’être en bonne santé. Mais de temps en temps, c’est aussi OK de manger un croissant, un morceau de fromage, etc… Et en fait, maintenant que j’arrive à jongler avec ça, ça se passe très bien.
Tu ne peux pas être dans la lutte et dans ce que j’appelle la contraction en permanence. Il faut que ça devienne quelque chose de naturel, une façon de vivre sans trop y penser, sans réfléchir. Sinon ça ne peut pas fonctionner. On ne peut pas tenir sur le long terme si ce n’est pas quelque chose qui nous fait vibrer intérieurement. Il faut arriver à un stade de conscience. Mais pas arriver à un stade de contrôle.
ALICIA :
Je pense qu’il est aussi important de parler de la manière dont les gens perçoivent l’approche naturopathique aujourd’hui et qui peut mener à des attentes inadaptées : on voit beaucoup de gens qui viennent avec une volonté de faire taire des symptômes alors que la démarche naturopathique est une démarche active, de responsabilité de la part du consultant face à ses propres déséquilibres.
Les plantes ont des pouvoirs inestimables mais au mieux, elles vont soulager, parfois rééquilibrer, mais si vous ne changez pas vous-même vos habitudes de vie, de pensées, etc… vos déséquilibres se manifesteront de nouveau à un moment ou à un autre. Comme le dit Grégoire Jauvais, grand naturopathe français « la naturopathie, ce n’est pas pour les fainéants! ».
Le vrai pouvoir, de retrouver votre équilibre de santé, votre force et votre élan de vie, est en vous. Et le rôle du naturopathe est aussi de vous aider à en prendre conscience et de vous guider dans cette voie.
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